L’édition 2018 des Rencontres d’Art Visuels de Yaoundé aura lieu du 23 au 29 juillet 2018 autour du thème « Urbanitudes ».
La 6e édition de RAVY sera marquée par le sceau des dix ans d’existence de cette plateforme. Et malgré tous les défis qui pointent à l’horizon, elle s’annonce pleine de répercussions. Une édition-anniversaire ! Et pourquoi pas ? Non pas par souci d’une vaine et ronfleuse commémoration, question d’éponger les affres de cette aventure pleine d’embûches, mais pour la seule raison qui légitime notre volonté d’observer un break (pour un regard à la fois rétrospectif et perspectif) après un si long et sinueux parcours. Une aventure ambiguë, comme l’aurait dit Cheik Amidou Kane.
Cette édition entend également s’intéresser à l’histoire de la civilisation humaine – et donc universelle – dans tous ses aspects contemporains et les évolutions qu’elle a connus à travers le temps; les enjeux esthétiques et comportementaux (habitudes de consommation, mode, nutrition, styles et accès au savoir) dans l’espace urbain (à l’ère des réseaux sociaux), les profonds changements ou transformations apportés par l’évolution de la technologie, le choc des cultures, l’épineuse et incontournable question des migrations et leurs corollaires, etc. Au-delà de cette «prescription» curatoriale, cette édition propose de questionner la place de l’art – et par extension, la culture sous toutes ses formes – dans la construction de nouvelles esthétiques et paradigmes urbains. Vision transversale des bouleversements observés dans les sociétés d’aujourd’hui, sociales, philosophiques, ethnologiques, etc. au sein de ce village planétaire où semble désormais patauger le citoyen contemporain universel. A cette occasion, la Biennale souhaite donner la parole aux artistes, mais pas seulement en termes de contributions artistiques, elle s’engage également auprès d’eux, à réinterpréter ce vaste thème de la manière la plus intime et libre qui soit. Dans la manière avec laquelle elle – même entend concevoir, scénographiquement parlant, cette édition-anniversaire.
Urbanitudes aussi et surtout comme une invitation à dire l’Afrique (qui bouge ou qui vient, pour paraphraser Alain Mabanckou et Michel Lebris) dans sa fraîcheur la plus réconfortante et la singularité de sa posture de «conquérante ? » aujourd’hui, vis-à-vis du reste du monde. Car, oui, l’Afrique et ses multiples aspirations – le festival y étant géo-localisé – seront bel et bien au cœur des préoccupations de cette édition. L’Afrique enchantée? Enchanteresse? Utopique? Marginale? Authentique ? Et c’est notre réponse, ou du moins notre modique contribution à cette « renaissance » ou cette reprise en main de son destin. Une Afrique qui (en fin de compte ?) a compris que c’est à elle de s’équiper, comme point-espace dans le vaste système désormais hyper connecté du monde ; de donner du sens à sa trajectoire. De se raconter et de participer à la relecture de celui-ci à partir de son propre point de vue. Le regard africain du monde. Car ce monde est également de plus en plus et comme jamais par le passé, concerné par son destin. C’est aussi à cet appel de l’universel qu’Urbanitudes, en tant que thématique qui questionne les pratiques esthétiques contemporaines, souhaite répondre. En célébrant avec les autres peuples selon le souhait de Senghor, dans une harmonie peut-être pas complètement rééquilibrée, l’impétueux concert des Nations.
Landry Mbassi
Commissaire général